Une équipe soudée pour rénover – Projet Boondael, Sébastien Piaget
16/09/2018 | Une équipe soudée pour rénover - Projet Boondael, Sébastien Piaget |Deux maisons mitoyennes ixelloises prêtes à être démolies… Armé de sa volonté et de son expérience, Sébastien Piaget, maître d’ouvrage, rassemble une équipe qualifiée de prestataires prêts à assurer la restauration des biens. Un travail colossal dont le gros oeuvre a été pensé et réalisé à travers le prisme de l’économie circulaire.
Le bâti existant a-t-il été entièrement conservé ?
Sébastien Piaget – Presque, à 90%. Un mur mitoyen et la façade arrière risquaient de s’effondrer suite à un affouillement. Il a fallu stabiliser les bâtiments à l’aide de tendeurs métalliques. Les annexes reconstruites ont servi de contrefort. Nous avons agrafé les angles de la maison. Et la cage d’escalier a été conçue comme une tour maçonnée au centre l’immeuble dans laquelle les murs sont ancrés. Nous avons aussi travaillé avec une disqueuse excentrée pour découper les murs de manière chirurgicale. Ces renforts structuraux et cette précision constante ont permis de conserver presque l’entièreté du bâti.
Des matériaux ont-ils été réemployés in situ ?
Au maximum car ce sont des matériaux supérieurs en termes de qualité. Du vieux bois, malgré son aspect carbonaté, a une valeur inestimable. Il est dur, résistant à l’humidité, ignifuge. Nous avons donc gardé les gîtages que nous avons joints à des poutrelles en acier. Nous avons rempli des caissons d’isolant, ajouté un résilient caoutchouteux et une chape en ciment pour permettre la pose de n’importe quelle finition. A cause de la portance faible des bâtiments, nous avons dû supprimer les cheminées mais nous avons concassé les briques pour en faire du stabilisé. Un autre exemple, lors du travail d’égouttage dans les caves, nous avons découvert du sable blond d’origine. Nous l’avons mélangé à de la chaux pour en faire un mortier proche de l’originel.
Où vous êtes-vous fourni pour les autres matériaux ?
J’ai acheté beaucoup de matériaux inutilisés de fin de chantier. Ils étaient souvent neufs mais certains étaient récupérés comme des couvre-murs à l’ancienne, des briques, du bois, des panneaux de théâtre issus de l’Opéra de la Monnaie et réutilisés pour le plancher. Autant de matériaux qui auraient été jetés.
Quels sont les éléments qui ont permis à ce projet de réussir ?
La circularité va de pair avec la compétence. L’essentiel sur ce chantier a été de rassembler des partenaires qualifiés, ouverts d’esprit et prêts à travailler ensemble. Parmi eux, l’entrepreneur général Llinye Liliya. Cette dynamique d’écoute et d’apprentissage a augmenté de 10 à 20% le rendement du chantier. J’ai notamment fait appel à des artisans locaux, comme un ferronnier, un ardoisier ou un couvreur, pour rendre à ces bâtiments leur cachet du siècle dernier. En amont, il y a aussi eu le soutien de l’échevine de l’urbanisme d’Ixelles, soucieuse de conserver le patrimoine existant.
« J’ai acheté beaucoup de matériaux inutilisés de fin de chantier. […] Autant de matériaux qui auraient été jetés. »