Tout digitaliser, une solution d’avenir ?
31/08/2021 | Tout digitaliser, une solution d’avenir ? |Que vous soyez adepte du smartphone ou non, nous vivons dans un monde de plus en plus digital. Finance, logistique ou encore divertissement, nombreux sont les secteurs qui ont recours au numérique au quotidien. Si le digital offre de nombreuses opportunités de réinventer nos systèmes, c’est également un secteur énergivore, qui demande beaucoup de ressources et qui génère une forte pollution numérique. Alors, le digital, allié ou ennemi de notre transition économique et écologique ? Nous faisons le point.
Les opportunités du digital
- Résilience
Une opportunité du numérique dont nous avons été témoin depuis le début de la pandémie, c’est que les entreprises qui avaient déjà digitalisé leur activité ont pu la maintenir plus facilement. Beaucoup d’entreprises ont d’ailleurs adopté des outils numériques en réponse aux mesure sanitaires en place et développé un volet en ligne à leur activité, lorsque possible. Les plateformes Lowco et MyMarket ont été un allié précieux dans la digitalisation de nombreuses entreprises n’ayant pas les connaissances ou les moyens de développer leur propre site web. Les plateformes d’e-commerce collaboratives offrent également l’avantage pour les consommateurs d’offrir un large éventail de produits et leur permet de découvrir des nouveaux commerces.
- Qualité de travail et de vie
Au-delà d’une présence en ligne, la digitalisation présente de nombreux avantages pour les entreprises et leurs travailleurs. Le développement du télétravail a permis d’améliorer la fluidité du trafic dans la Région et de réduire la pollution de l’air, et représente un gain de temps significatif pour ceux qui évitent ainsi des trajets. Les applications numériques facilitent elles aussi la vie de ceux qui font usage des transports en commun ou des partages de vélos et de véhicules, que ce soit pour l’achat de son Brupass sur MaaS, pour réserver son Villo ou sa Cambio, et permettent d’apaiser le trafic.
- Efficacité des ressources
Les progrès du digital peuvent réduire considérablement l’utilisation des ressources et la pollution au sein de la Région. En effet, des technologies peuvent optimiser des processus de production en les rendant plus efficaces et en favorisant la réutilisation des matériaux, limitant ainsi le gaspillage de ressources et les émissions de carbone. Les solutions numériques telles que les plateformes de vente de seconde main et de location d’outils, ou encore les plateformes axées autour de l’économie de la fonctionnalité permet également de garder en circulation des biens et des matières premières plus longtemps. De plus, de nouvelles technologies numériques telles que l’intelligence artificielle ou la blockchain peuvent accélérer et maximiser les impacts de nouvelles mesures. Le digital permet également de faciliter et d’accélérer les procédés administratifs. La Région donne le ton en ayant numérisé bon nombre de ses formulaires, de ses procédures et de ses archives, ce qui facilite l’échange d’informations entre administrations.
- Nouvelles portes
Le numérique offre aux entreprises et aux particuliers bruxellois l’accès à des services, des ressources, des formations et des réseaux qui leur étaient hors de portée auparavant, que ce soit par manque de connaissance, d’accessibilité physique ou de moyens financiers.
Les problématiques du numérique
- Pollution et impact énergétique
Le digital est souvent critiqué pour les formes de pollutions qui lui sont associées, qu’elles soient liées à la fabrication ou à l’utilisation des outils numériques. En effet, le développement, la production et l’amélioration du matériel digital et des logiciels qu’ils supportent demande de nombreuses ressources engendrant des pollutions en tous genres : émissions de gaz à effet de serre, pollution chimique, production de déchets électroniques… L’utilisation des réseaux engendre également une forte consommation d’énergie
- Numérisation à court terme
Nous considérons que la numérisation à court terme n’est pas durable. Prenons l’exemple d’une petite entreprise traditionnelle qui lors de la crise du COVID achète un programme de vidéoconférence et arrête là son processus de digitalisation. Cet investissement ne permettra pas à cette entreprise de devenir un acteur du numérique.
Une numérisation modérée est durable lorsqu’une entreprise cherche à acquérir des solutions et des logiciels spécialisés afin de faire progresser son business model. Par ce processus, l’entreprise développe des compétences numériques, peut réinventer ses opérations et peut devenir elle-même un véritable innovateur numérique et mettre à disposition cette nouvelle expertise pour d’autres entreprises.
- Fracture numérique
Si le numérique offre de nombreuses possibilités et opportunités, sa distribution est inégale. La fracture numérique se réfère aux inégalités liées à l’accès au digital et à son utilisation. Les raisons de cette exclusion peuvent être d’ordre géographique, économique, culturel, cognitif, de genre ou encore générationnel. Il est dès lors essentiel de porter une attention particulière à l’inclusion pour que la digitalisation s’inscrive dans une transition égale et juste.
Les solutions de la Région
Alors, le digital, allié ou ennemi de la transition ?
La Région considère crucial d’apporter un soutien à la digitalisation à long terme des entreprises, pour ne laisser aucune TPE ou PME de côté.
Parallèlement au soutien à la transformation numérique des entreprises bruxelloises, la Région veut soutenir les innovations technologiques qui répondent aux défis sociétaux. C’est par exemple le cas d’un projet de formation d’aspirantes entrepreneuses à la cybersécurité ou d’un projet de détection des passoires énergétiques ou des pics de pollution.
Pour intégrer ces objectifs dans la transition écologique, les mots d’ordre sont sobriété numérique. Celle-ci comprend trois axes principaux :
- La sobriété des ressources. Les équipements informatiques doivent être pensés de manière à favoriser la circularité des matériaux, à encourager leur réparation et réutilisation, et à lutter contre l’obsolescence programmée, pour consommer le minimum de ressources possibles.
- La sobriété énergétique des appareils, serveurs, data-centers et logiciels. Les avancées technologiques doivent permettre d’en réduire la consommation d’énergie sans en diminuer la performance. Cela passe également par le soutien aux logiciels open source, qui permettent aux usagers avertis d’accéder gratuitement à leur contenu et de les améliorer, notamment sur le plan de leur consommation énergétique. Plus fondamentalement, le principe de la sobriété énergétique implique de s’interroger, avant de créer une solution numérique, sur l’impact énergétique de celle-ci, par rapport à ce qu’elle va générer comme gain pour la société.
- La sobriété d’usage. La digitalisation doit être raisonnée et inclure une réflexion quant aux possibles alternatives plus sobres qui sont disponibles ainsi qu’aux besoins réels des usagers. La sobriété d’usage passe aussi par l’exploration et l’adoption de solutions groupées. Une digitalisation raisonnée encourage par exemple l’optimisation de livraison de marchandise et la collaboration pour l’e-commerce.
Pour que le numérique soit un allié d’une transition non seulement écologique, mais aussi solidaire, la Région veut aussi soutenir des projets qui utilisent les outils numériques pour l’émancipation des jeunes, des adultes faiblement qualifiés, des étrangers en cours d’alphabétisation et des personnes en situation d’illettrisme.
En conclusion, le développement du numérique n’est pas un objectif en soi, mais bien un outil au service des initiatives économiques et des entrepreneur·euses afin de répondre aux objectifs climatiques, de transition économique et sociale de la Région.