« Pour le pain, cela fera 3 Zinnes, s’il-vous-plait ! ». Si vous êtes citoyen bruxellois, il est probable que vous ayez déjà entendu ce type de phrase autour de vous. La Zinne, monnaie complémentaire locale, est de plus en plus plébiscitée dans la région. Et pour cause, cet outil offrant une alternative à l’économie mondialisée constitue un réel levier de transition.

La Zinne, qu’est-ce que c’est ?

La Zinne est la monnaie complémentaire locale de la Région de Bruxelles-Capitale. Conçue dès 2017, puis lancée en 2019 sur tout le territoire, la Zinne est une initiative citoyenne et gérée de manière participative et démocratique par des bénévoles motivés par l’idée de soutenir une économie alternative et locale.  

Mouvement en croissance perpétuelle, la Zinne compte aujourd’hui 180 « prestataires », c’est-à-dire des commerçants, restaurateurs, soignants, lieux culturels etc., qui acceptent et font circuler cette monnaie d’un nouveau genre. Le territoire bruxellois compte également 40 bureaux de change, qui permettent à tout un chacun de se procurer des Zinnes contre ses euros. La valeur d’échange est de 1 Zinne pour 1 euro.  

Comment fonctionne une monnaie locale ?

Lorsqu’un consommateur effectue un achat, même chez des commerçants locaux et durables, il n’a pas d’emprise sur la façon dont son argent va ensuite circuler. Dans le système économique actuellement en place, l’argent tombe toujours, en fin de circuit, dans les poches de grands acteurs internationaux qui alimentent un système non-durable sur les plans sociaux et environnementaux.

L’idée derrière les monnaies locales est donc de créer une alternative aux monnaies courantes, en permettant la circulation de valeur tout en se retirant du système financier conventionnel, de bulles spéculatives et d’investissements non-contrôlables. Les monnaies locales complémentaires permettent de garder la valeur au sein de leur territoire d’action, d’y créer de la richesse et de soutenir les acteurs économiques locaux.

Dans le cas de la Zinne, les euros échangés contre des Zinnes constituent un « fond de garantie », ou « réserve de contrepartie » et sont placés dans une banque éthique. Les Zinnes circulent entre les consommateurs, les prestataires de biens et services et les producteurs. L’argent ne circule qu’en « boucle économique », c’est-à-dire un circuit où l’argent reste entre les mains des différents intervenants.

La Zinne, comme les autres monnaies locales, est une monnaie dite « complémentaire », c’est-à-dire compatible avec les autres moyens de payement. Il est tout à fait possible, à la caisse de votre épicerie locale, de payer une partie de vos achats en Zinne et l’autre en euros ou en chèques-repas.

Pourquoi passer le pas ?

Pour les consommateurs comme pour les prestataires, passer à la Zinne est le meilleur moyen de s’inscrire dans la transition économique régionale. La monnaie locale permet de soutenir le circuit court et les producteurs locaux, et de réintégrer des considérations sociales et environnementales dans l’économie. Ce système alternatif permet de s’extraire plus facilement des grands flux de consommation mondiaux.

En faisant redescendre l’économie à des niveaux tangibles et concevables, les monnaies locales permettent également à tous les acteurs de se réapproprier leur économie et de prendre en main l’impact de leur consommation.

Finalement, la Zinne permet de recréer du lien social, par la mise en place d’un réseau de consomm’acteurs aux valeurs communes, ainsi que par l’appartenance à un mouvement conjoint entre citoyens, producteurs et prestataires.

Et ailleurs ?

Pour que les monnaies locales aient un impact à grande échelle, elles doivent se multiplier localement. En Belgique, plus d’une quinzaine de monnaies alternatives existent déjà. Découvrez celles de Wallonie et de Bruxelles, ainsi que l’enthousiasme des citoyens porteurs du mouvement, dans cette petite vidéo datant de 2020 : https://www.youtube.com/watch?v=G6GyEYl9zz8

Pour en savoir plus sur la Zinne : https://www.zinne.brussels/